Fontainebleau 2024 : Un podium 100 % « made in Couvains » dans le Championnat des 5 ans Hongres
Entre le nouveau champion né chez Anne-Sophie et Richard Levallois, et ses deux dauphins issus de leur crack Diamant de Semilly, les éleveurs manchois avaient trois excellentes raisons de se réjouir. A la faveur d’une finale légèrement revisitée suite aux intempéries, le joli gris JUST A DREAM SEMILLY leur offre un second titre SHF après celui remporté par Karaganda Semilly dans les 4 ans mâles & hongres.
Just A Dream Semilly, jour de rêve pour les Levallois
Non, vous ne rêvez pas. L’affixe « Semilly » de la famille Levallois, héritage du regretté et respecté Germain Levallois, a encore frappé...deux fois ! Karaganda dans les 4 ans mâles et hongres, et maintenant JUST A DREAM dans les 5 ans hongres...cette Grande Semaine 2024 s’inscrit parmi les crus d’élite ! Si la lignée du champion n’est à Couvains que depuis la fin des années 90, il s’agit en réalité de l’une des plus grandes du stud-book Selle Français, celle de Son Altesse (Vas Y Donc, ds) dont descendent des milliers de performeurs. L’élevage de Thurin en fit sa base via sa fille Kavala (Ecossais, ds). Il serait bien trop long d’énumérer les affixes « nourris » par cette génétique exceptionnelle. Citons simplement Bagheera Gesmeray (ISO 156), Présidentielle (mère de Dollars Boy), Elyria de Brekka, Briseis d’Helby, ou encore Betty de Kreisker, toutes mères, grand-mères et arrière-grand-mères de gagnants. « C’est un génie de la barre » lance Richard Levallois, aux anges. « Il possède une technique que l’on voit rarement, une tête en or, c’est un cheval formidable. Quand vous voyez qu’il a débuté le travail en janvier dernier, après n’avoir rien fait à 4 ans. Il finit la saison en gagnant la finale et de quelle façon ! ». Et Anne-Sophie d’ajouter : « et tout ça en changeant de cavalier, puisqu’il a démarré avec notre cavalier Julien Frémicourt avant d’être vendu à mi-saison ».
JUST A DREAM SEMILLY & Grégoire Hercelin - Crédit photo : PSV Photo
Cumano, Diamant de Semilly, Windows vh Costerveld...les grands sires ont successivement irrigué cette souche en lui apportant le meilleur. « Il n’a pas du tout le caractère de Windows, il coopère et veut tout bien faire. Son cavalier m’a confié avant d’entrer en piste qu’il n’avait pas eu besoin de sauter haut au paddock, il était prêt. » Ce début tardif sur le circuit SHF n’est pas exceptionnel dans le système Levallois. « Il y a beaucoup de 4 ans pour lesquels nous attendons » explique Anne-Sophie, « des chevaux tardifs notamment. Les femelles ne font que quelques tours avant de retourner à l’herbe. Il arrive souvent que nous mettions les hongres au travail à 5 voire 6 ans. On préfère attendre qu’ils aient fini leur croissance. » Just A Dream n’était pas le seul produit d’Etoile Derêve Semilly à disputer les finales puisque son propre frère Ksar de Rêve Semilly prenait le départ dans les 4 ans mâles et hongres. Les deux auraient pu ne pas voir le jour. « Sa grand-mère, à la naissance, a marché sur sa future mère, fracturant son postérieur » raconte Richard. « Nous l’avons plâtrée et ça s’est remis comme si de rien n’était. Elle a participé aux concours de modèle et allures sans problème, mais nous n’avons pas voulu la sortir en concours. Sa blessure se voyait un peu et donc commercialement, c’était compliqué. » « Etoile Derêve Semilly a donc été mise à la reproduction directement, d’autant qu’on a failli perdre sa mère peu de temps avant la naissance d’Etoile suite à la rupture du tendon pré-pubien. Miraculeusement, nous l’avons maintenue jusqu’au poulinage et elle est parvenue à élever sa fille » ajoute Anne-Sophie. Just A Dream Semilly est donc le premier poulain d’Etoile Derêve Semilly, et ses naisseurs placent beaucoup d’espoirs en lui, tout comme son propriétaire. « Ludo Philippaerts pense qu’il participera à Aix-la-Chapelle un jour donc... » glisse Anne-Sophie. « Il est rare de voir des chevaux avec une telle technique. Il fait tout bien » dit Richard.
JUST A DREAM SEMILLY & Grégoire Hercelin - Crédit photo : PSV Photo
Le bon pilote pour Jisco du Prieuré
Auteur de huit parcours sans faute sur 10 à 4 ans, double sans faute au CIR d’Auvers (5ème), ce fils de Diamant de Semilly – oui, encore ! - avait profité ensuite de vacances bien méritées. Débuté par Jeroen Zwartjes, ce dernier a poursuivi le travail de préparation de ce puissant alezan avec tout autant de succès. Depuis plus de quarante ans, Jeroen n’a manqué aucune édition de la Grande Semaine. « Quand on monte un cheval qu’on nous demande toute la saison, c’est qu’il se passe quelque chose » lance le pilote aux anges. « Il a confirmé à chaque sortie. Je me suis dit que peut-être, son naisseur et propriétaire allait craquer et vouloir le vendre, mais pour le moment, il le garde. Comme tous les bons chevaux, il possède la souplesse, une tête extraordinaire. Il peut parfois sauver des situations difficiles. Il a des moyens hors normes. Si tout se passe bien, il pourra sauter à haut niveau. J’ai eu beaucoup de chevaux jeunes qui ensuite ont couru JO ou Coupe du Monde. Il fait partie clairement de ces chevaux là. »
JISCO DU PRIEURE & Jeroen Swartjes - Crédit photo : PSV Photo
Jeroen et Philippe Lefoulon, naisseur de Jisco, collaborent seulement depuis quatre ans. Présentés par un ami commun, les deux hommes partagent la passion de la formation juste et progressive pour faire éclore le talent de leurs protégés. « Il a commencé dans les chevaux et un jour, il a décidé de devenir pilote de ligne » confie-t-il, « il a débuté son élevage avec deux juments et tous les ans, il fait naître deux poulains. » L’expérience de Jeroen lui permet de gérer le programme de ses jeunes recrues au fur et à mesure. Fidèle parmi les fidèles, le Normand d’adoption se souvient de sa première finale. « La première année, je montais un ‘L’, Laine d’Or, 4ème du Championnat des Anglos...ça fait plus de quarante ans...j’ai quand même 61 ans ! ». Désormais installé dans le Calvados, le sexagénaire a vécu dans de nombreuses régions, mais il admet que la Normandie reste dominante dans ces championnats. « Il y a une vraie différence, que ce soit les parcours SHF ou les chevaux. Forcément, c’est plus dur. Mais si on mettait 5cm de moins chez nous, il y aurait beaucoup plus de sans faute. On est bien préparés pour Fontainebleau. » Après ce titre de vice-champion des 5 ans, Jeroen et ses chevaux s’octroient quelques vacances bien méritées, l’un en Martinique, les autres au pré.
JISCO DU PRIEURE & Jeroen Swartjes - Crédit photo : PSV Photo
Jolidiams des Tocrias
Une fois n’est pas coutume, ce championnat offre un second podium à un même étalon, le désormais incontournable Diamant de Semilly. Après Jisco du Prieuré, c’est JOLIDIAMS DES TOCRIAS, né chez Michel Guiot et Gilles Denizet, qui faire parler de son illustre père. Il est le premier produit d’une jument nommée Tzigane de Sivry, née chez Robert Nivoix dans les Ardennes, bonne gagnante avec Camille Piat...en concours complet (ICC 142), sœur de l’étalon Stormy de Sivry (ISO 145), Bolero de Sivry (ICC 144) et Gospelle N’Joy (ISO 143). Il s’agit de la lignée directe d’Almé de Lacosnière (King’s Road, ps) alias Traxdata Taime, CSIO avec Peter Charles (GBR). Une génétique mise en lumière par une toute jeune cavalière, Lou Dupont, 20 ans seulement. Installée à côté de Troyes, dans l’Aube, elle gère avec son père une petite écurie de propriétaires tout en tournant sur des épreuves jusqu’à 1,50m. « J’ai commencé l’équitation à 7 ans » raconte-t-elle, « mon père est maréchal-ferrant et ma mère secrétaire médicale. Mon papa m’a emmenée un jour au parc Pommery à Reims voir un concours. Je ne savais pas du tout qu’on pouvait monter à cheval. Et je suis repartie en disant ‘papa c’est ça que je veux faire !’. Le lendemain il m’achetait un poney ! ». Cavalière à poney dans un premier temps (elle participa deux fois à l’Open de France), elle passa rapidement à cheval. « Nous avons travaillé avec mon père afin d’aller plus haut, plus vite » dit-elle.
JOLIDIAMS DES TOCRIAS & Lou Dupont - Crédit photo : PSV Photo
Conçu par Michel Guiot, Jolidiams fut vendu lors des ventes Talma à trois ans à Gérard Cousin, l’un des propriétaires de la jeune femme. « Je l’ai débourré, puis je l’ai sorti sur le circuit SHF 4 ans et il a disputé la finale où il était double sans faute. Cette année, il a confirmé, et sauté comme un crack. Il est styliste, respectueux. Je pense qu’il plaît au juges car il répète ses sauts. L’objectif en général, pour les chevaux confiés par les propriétaires, est de les amener au plus haut niveau et de les vendre. » Cette année, Lou montait huit jeunes chevaux dont cinq participaient à la finale. Longtemps entraînée par Hervé Francart, la grande blonde aux yeux bleus travaille désormais uniquement avec son père. « Je monte à cheval tous les jours. Ça a toujours été une évidence pour moi de travailler dans ce milieu. J’ai passé un bac pro CGEH puis un DEJEPS, et depuis un an, je suis à temps plein aux écuries. » Finaliste l’an dernier dans les six ans, Lou Dupont dût renoncer avant la seconde manche, sa jument étant malade. Cette troisième place vient ainsi la récompenser, et lui promet une jolie carrière, aussi pétillante que son regard.
JOLIDIAMS DES TOCRIAS & Lou Dupont - Crédit photo : PSV Photo
Le palmarès de ce Championnat Cycle Classique 5 ans Hongres 2024
1- Just A Dream Semilly, sf (Windows vh Costerveld, bwp), né chez Richard Levallois (Normandie), monté par Grégoire Hercelin (Manche) – 12 sans faute sur 16 sorties – 85ème du Top 100 SHF – 1294 € de gains
2- Jisco du Prieuré, sf (Diamant de Semilly, sf), né chez Philippe Lefoulon (Normandie), monté par Jeroen Zwartjes (Calvados) – 15 sans faute sur 16 sorties – 4ème du Top 100 SHF – 1585 € de gains
3- Jolidiams des Tocrias, sf (Diamant de Semilly, sf), né chez Gilles Denizet et Michel Guiot (Grand Est), monté par Lou Dupont (Aube) – 12 sans faute sur 16 sorties – 85ème du Top 100 SHF – 1294 € de gains